Selon la gynécologue en service à l’hôpital Laquintinie, ces pratiques ajoutées au nettoyage abusif du vagin et autres astuces peuvent empêcher à la femme d’accoucher par voie basse.
Qu’est-ce que les ovules et comment doivent-elles se prendre?
Les ovules sont des médicaments qu’on administre généralement par voie intra-vaginale dans le cadre d’une infection gynécologique.
Les ovules c’est un traitement. Et qui dit traitement dit pathologie. On prend ce traitement quand on a une pathologie vulvo-vaginale ou cervicale, qui est généralement les infections. Ces infections peuvent être mycosiques, parasitaires bactériennes ou virales. C’est pourquoi ces ovules doivent obéir à une prescription médicale.
La flore vaginale est composée de bactéries qui ont un rôle protecteur contre les infections, et régulateur du fonctionnement du vagin. Mais il peut y avoir un déséquilibre causé par une infection, par une maladie, par la grossesse ou encore la prise d’antibiotiques. Cela peut créer des perturbations au niveau de la flore vaginale et ouvrir la voie aux infections. C’est pourquoi il est important avant toute prise d’ovules, de faire un examen gynécologique.
Toutefois le gynécologue n’a pas forcément besoin d’un examen et peut après consultation, prescrire un ovule. Pour d’autres, on peut être appelé à faire un prélèvement cervico-vaginal afin d’identifier le type d’infection. En fonction de l’état de la flore vaginale et du microbe identité, correspond un type d’ovule.
Quels sont les risques auxquels s’exposent ces femmes qui utilisent les ovules de manière désordonnée?
Les risques sont réels. Si une femme n’a pas d’infection et prend une ovule, elle va déséquilibrer sa flore vaginale normale, et ouvrir la voie aux infections.

De plus en plus de femmes font des douches vaginales. Cela est à proscrire. Le vagin s’auto-nettoie. Quand on voit généralement les leucorrhées c’est que le vagin est en train d’éliminer le surplus de sécrétions. On ne doit consulter que si les pertes ont changé de couleur, si elles sont jaunâtre, grisâtre, si elles sentent mauvais ou si elles sont accompagnées de lésions comme le prurit, les démangeaisons ou si c’est plus abondant. Si ces conditions ne sont pas réunies, il n’y a aucune indication à prendre les ovules.
Les femmes sont davantage tournées vers l’utilisation des ovules faîtes à base de plantes naturelles, et autres bains chauds pour rétrécir le vagin. Quel regard portez-vous sur ces pratiques?
Il faut faire attention parce que ces plantes ne sont pas contrôlées. Beaucoup de femmes à force d’utiliser les ovules finissent par brûler le vagin, qui est le lieu de passage du bébé, et n’arrivent plus à accoucher par voie basse. Les ovules utilisés de manière non contrôlée auront bloqué le passage de l’enfant. En brûlant le vagin, ces ovules vont rétrécir et réduire la lumière vaginale où doit passer l’enfant. Il faut noter que les fibres du vagin sont élastiques. C’est pourquoi après l’accouchement, le vagin retrouve sa forme initiale. Par contre, le vagin traumatisé par ces pratiques que les femmes utilisent pour le rétrécir peut perdre son élasticité et devenir dur. Et au moment de l’accouchement, il ne sera pas possible pour le Col de se dilater pour que l’enfant puisse passer.
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Quelques conseils?
L’utilisation des ovules doit être soumise à une prescription médicale après une évaluation chez le gynécologue. Donc, il faut mettre fin à l’auto médication, aux douches vaginales et à toutes autres pratiques. Quand on a une anomalie, on vient voir un gynécologue qui examine et prescrit, ou recommande un examen avant la prescription.