Le chef de département de gynécologie de l’hôpital Laquintinie explique comment se forment les cancers, et donne des signes qui peuvent permettre de reconnaitre la présence du cancer dans un sein.
L’hôpital Laquintinie de Douala a organisé une semaine de dépistage gratuit des cancers du sein et du Col de l’utérus. C’est quoi le cancer ?
Le cancer s’apparente à tout ce qui est marginal au logiciel de la cellule humaine qui voudrait que toute cellule qui nait est programmée à mourir après X temps de service, et sera donc remplacée à l’identique le moment venu. Elle a un début de mise en circulation et une fin.
On constate qu’au moment de la duplication, au lieu que la cellule soit tout simplement remplacée, malheureusement quelques fois, on voit en arriver plus d’une, au point de former à certains endroits, un amas de cellules. Voilà donc la tumeur. Et personne n’y échappe. A un moment donné de votre vie, vous serez sujet à ce phénomène marginal ou cellulairement maladroit. Sauf que votre système de défense à médiation cellulaire va vite y apposer une riposte, circonscrire le phénomène et le remettre sur les rails. Et donc, toute fois que votre système de défense est défaillant, il est fort à parier qu’un jour vous finirez par développer un cancer.
Qu’est-ce qui peut rendre un système de défense défaillant?
Il y a l’âge. A l’âge avancé, le corps humain se défend moins. C’est pourquoi il y a une propension des cancers au-delà de la soixantaine.
Pourquoi mettre un accent particulier sur le cancer du sein?
Pour ce qui est du cancer du sein, c’est un fléau national. Il ne se manifeste pas par la douleur. La douleur est quasi absente dans le cancer du sein. Et chez nous, tant qu’on n’a pas mal, on ne vient pas à l’hôpital. Or, ce cancer n’est pas douloureux.
C’est un enfoncement quelque part sur le sein. C’est un sein qui subitement ascensionne. Ou alors il a une boule, un affaissement, une rougeur, un plissement comme une ride, le téton qui était sorti tout droit devient rentrant, ou encore au cours d’un rapport intime, le partenaire passe sa langue sur le téton et se retrouve avec du sang dans la bouche, quand ce n’est pas la femme qui se les presse. Voilà autant de signes du cancer du sein.
Henri Essomè, chef de département de gynécologie de l’hôpital Laquintinie
Si ce n’est que quelques picotements et étirements que la femme peut avoir dans son sein, rien ne va la motiver à venir consulter, qui plus est que cela n’empêche pas de manger, de dormir, de faire ce qu’on veut.
Et comment ce cancer se développe-t-il ?
Si cette boule qui est un cancer a le volume d’un carreau de sucre, on y recense en moyenne 3 milliards de cellules, qui vont se détacher pour se disséminer partout dans le corps humain, atteignant toute l’architecture osseuse les poumons, le foie, le cerveau… partout où le sang passe, il peut y avoir des greffons de cellules. C’est pourquoi des campagnes comme celles-ci sont importantes pour toucher le maximum de femmes pour pouvoir sauver des vies.
Est-il possible de prévenir le cancer?
Il n’y a pas véritablement de mesure à prendre pour mettre à l’abri du cancer du sein. Toutefois, il est admis que si on adopte un mode de vie et des attitudes saines, on pourrait éventuellement, soit retarder sa survenue, quand bien même ce serait là, le corps se défendrait efficacement. Au rang de ces mesures, je vous renvoie à aller puiser dans ce que nous donnons comme conseils aux diabétiques. C’est-à-dire que si vous n’êtes pas diabétique, et que vous mangez et vivez comme un diabétique, ce serait l’idéal. Fuir les viandes rouges, abandonner la graisse et le sucre, manger beaucoup de légumes, s’hydrater au maximum, avoir une activité physique régulière, éviter l’obésité.
C’est-à-dire que si vous n’êtes pas diabétique, et que vous mangez et vivez comme un diabétique, ce serait l’idéal. Fuir les viandes rouges, abandonner la graisse et le sucre, manger beaucoup de légumes, s’hydrater au maximum, avoir une activité physique régulière, éviter l’obésité.
Le cancer du col de l’utérus par contre est une Ist, du fait d’un virus que la femme contracte au cours d’un rapport sexuel non protégé. Sauf qu’aussi longtemps que son système de défense est à l’éveil, elle peut très souvent s’en débarrasser. Dans l’ordre de 8 femmes sur 10, deux vont l’héberger de manière chronique, et au bout de 10 à 15 ans, on verra arriver un type de lésions que si d’aventure elles ne font pas dépistées et traitées, vont commencer par muter et devenir plus tard des cancers. Le vaccin existe pour prévenir le cancer du col de l’utérus pour vacciner les jeunes filles qui n’ont pas encore d’activité sexuelle.
Je profite pour réitérer que les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp) ne sont pas des facultés de médecine. Nous peinons à convaincre les parents de faire vacciner leurs filles, pourtant c’est un vaccin protecteur.