Face à la multiplication des patients qui font face à une résistance aux antimicrobiens, l’hôpital Laquintinie a recyclé ses médecins sur la méthodologie à suivre pour la contrer.

Les patients résistants aux antimicrobiens se multiplient au Cameroun en général, mais également à l’hôpital Laquintinie de Douala. Certaines souches sont résistantes sur plus de 50% des patients reçues à l’hôpital Laquintinie. Au laboratoire de l’hôpital Laquintinie par exemple, fait savoir Dr Josiane ETAMBA ESSOLA, biologiste, « on enregistre jusqu’à 15 à 30% de résistance par mois, ce qui est déjà un seuil supérieur à ce qui est recommandé par l’Oms », relève-t-elle.

Et plusieurs maladies sont concernées par cette résistance aux antimicrobiens (RAM). Ce sont notamment la tuberculose 17%, le paludisme dans 81 pays sur 92, gonocoque 35%, informe le Dr Joséphine KAMDEM, médecin infectiologue d’après qui la fièvre typhoïde, le Vih/Sida ; la dysenterie, les infections pulmonaires, les méningites sont autant de maladies qui ont toutes des résistances aux médicaments. « On doit agir maintenant parce qu’il y a des résistances, des multirésistances et des ultrarésistants », interpelle-t-elle. La situation inquiète. Et pour stopper la montée de la Résistance aux antimicrobiens, l’hôpital Laquintinie a recyclé son personnel sur la prise en charge des patients résistants aux antimicrobiens.

Ainsi donc, face à un cas de RAM, il faut isoler le malade et mettre en place des mesures d‘hygiène au niveau de l’hôpital. Il faut ensuite trouver le meilleur antibiotique qui pourra traiter ce malade, en faisant des tests de résistance un peu plus poussés au laboratoire, des tests pouvant aller jusqu’à l’usage des molécules rares, ou celles qui ne sont pas habituellement utilisées. Des molécules, en somme, coûteuses.

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Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette RAM. D’abord le facteur humain, avec « l’utilisation excessive des antimicrobiens (hommes, animaux, végétaux) ; le faible accès aux antibiotiques, faible implication du personnel de santé dans la prise en charge et le traitement ; l’influence des laboratoires pharmaceutiques qui peuvent demander au pharmacien de prescrire tel ou tel médicament au patient. La RAM est accélérée par le diagnostic indirect, le médicament incorrect, l’inadéquation de la dose, le traitement trop court ou trop long », liste le Dr Christiane MEDI, chef de département de biologie clinique. Une résistance aux antimicrobiens qui n’est pas sans conséquence pour le patient. Et pour cause, « la RAM augmente la mortalité et la morbidité, ainsi que le coût du traitement et un allongement de l’infection par une majoration du risque de transmission. Elle entraîne également un allongement du séjour de la durée d’hospitalisation du fait de l’utilisation des médicaments de 2ème intention », explique le chef de département de biologie.

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