Médecin pédiatre général avec une sous spécialité en endocrinologie pédiatrique, la chef de service des urgences pédiatriques de l’hôpital Laquintinie se dévoile. Immersion au sein de la vie professionnelle et personnelle d’un médecin à l’énergie débordante.

Il est plus de 16h lorsqu’elle achève la consultation de son dernier patient. La journée a été épuisante. Mais, le Dr Ritha MBONO semble avoir toutes ses forces. Dans son bureau le 13 septembre 2023, elle fait quelques rangements. Surtout que sa journée de travail n’est pas terminée. «Ma journée d’aujourd’hui s’achève par la garde. Donc, je suis à l’hôpital jusqu’à demain, 9h », déclare-t-elle. Et de relater le déroulement de celle qui s’achève. «J’ai consulté 14 enfants, parmi lesquels des nouveau-nés et 4 enfants diabétiques venus pour leur suivi médical. Les 10 autres consultations étaient de nouveaux patients, des enfants qui ont un retard de croissance, ceux qui n’ont pas encore développé la puberté, certains qui ont une maladie osseuse, entrainant une fracture, d’autres qui sont en surpoids et en obésité. Il y en a qui viennent parce qu’ils ont une malformation des organes génitaux», liste-t-elle.

Malgré l’exigence de ce métier, ce Médecin Pédiatre cape d’une sous spécialité en Endocrinologie Pédiatrique savoure chaque seconde passée avec ses patients. Et c’est tout sourire qu’elle déclare son amour pour les enfants. «J’aime beaucoup les enfants. C’est sûrement pourquoi j’ai choisi la Pédiatrie. Mes parents m’ont dit que toute petite, j’ai toujours rêvé d’être Médecin. Et je n’ai pas souvenance d’avoir voulu faire autre chose que la Médecine », lance-t-elle dans un éclat de rire. Et la Pédiatrie va se préciser durant son parcours académique et professionnel. Nantie d’un Baccalauréat D en 2003, elle passe avec succès le concours de la Faculté de Médecine et des Sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé I, et obtient, 7 ans plus tard, son Doctorat en Médecine.

Elle est ensuite affectée à l’Hôpital Régional de Bafoussam et y exerce jusqu’en 2012, avant de revenir en spécialisation à Yaoundé, par voie de concours. Elle achève sa spécialisation en Pédiatrie en 2016. S’en suit une formation en Endocrinologie Pédiatrique à l’Université d’Angers, en France, en 2018. Comme Pédiatre, elle a travaillé à l’Hôpital Régional annexe d’Edéa, à l’Hôpital de district de Nylon, avant de rejoindre l’Hôpital Laquintinie en décembre 2020. «Dans mon cursus, j’ai toujours aimé travailler dans les services de Pédiatrie. J’ai un bon contact avec les enfants. Donc, je me suis dit, pourquoi ne pas travailler avec les enfants, puisque je me sens bien avec eux », explique celle qui est par ailleurs responsable de l’Unité d’Endocrinologie-Pédiatrique de l’Hopital Laquintinie de Douala, et Enseignante à la Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques (Fmsp) de l’Université de Douala.

Et pour ce qui est du choix de l’Endocrinologie Pédiatrique, «c’est une passion qui est née en cours de spécialisation. J’ai travaillé avec une ainée Endocrino-Pédiatre. Elle était la seule spécialiste au Cameroun. Je me suis rendu compte que c’est un domaine où il y a très peu de praticiens, avec une forte demande. Les patients venaient de toutes les régions du Cameroun. Je me suis dit que c’est une spécialité d’avenir, qui pouvait être un pôle à développer, pour en faire une originalité dans notre pays et en Afrique centrale, où il y a peu d’Endocrino-Pédiatres», explique-t-elle.

En Endocrinologie Pédiatrique, la grosse difficulté c’est souvent l’annonce des diagnostics, parce que ce sont des maladies avec lesquelles les enfants vont vivre toute leur vie. Parfois, les parents ne l’acceptent pas. L’enfant lui-même ne l’accepte pas.

Dr Ritha MBONO

Sa journée commence par la visite des malades internés aux Urgences Pédiatriques, notamment le lundi et le jeudi. Après quoi, elle se rapproche des cas cliniques avec les résidents de Pédiatrie, et échange avec les stagiaires étudiants en Médecine. La journée se termine de manière variable. Si c’est une journée de cours à l’Université, elle y va après le travail dans l’après-midi. Le mardi et le mercredi, ses journées commencent par les consultations et s’achèvent parfois par les gardes. «En Endocrinologie Pédiatrique, la grosse difficulté c’est souvent l’annonce des diagnostics, parce que ce sont des maladies avec lesquelles les enfants vont vivre toute leur vie. Parfois, les parents ne l’acceptent pas. L’enfant lui-même ne l’accepte pas», note-t-elle. L’autre principale difficulté, c’est la gestion des familles des enfants en situation grave. « Ces parents sont stressés, anxieux, nerveux et parfois violents, n’écoutent pas ce qu’on leur dit, parce qu’ils estiment que la prise en charge n’est pas aussi rapide qu’ils l’auraient souhaité », explique le Dr Ritha MBONO.

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Un travail harassant, mais, passionnant qui ne l’empêche pas de remplir ses obligations familiales, malgré quelques interférences. « Ce n’est pas facile du tout. Très souvent, le travail nous rattrape à la maison. Les patients nous appellent parfois très tard dans la nuit parce qu’ils ne font pas confiance aux autres. Ils nous appellent d’abord, nous demandent vers qui ils doivent se confier», relève-t-elle avant de poursuivre. «Ce n’est pas évident pour le conjoint de voir le téléphone sonner sans arrêt. Je demande souvent aux patients de laisser un message. Et je juge de l’urgence avant de rappeler immédiatement, ou voir si cela peut attendre le lendemain », raconte cette mère de famille. Comme hobbies, le Dr Ritha MBONO est fan des romans d’Agatha Christie, notamment. Outre la lecture, elle aime également le cinéma, particulièrement les films policiers et séries policières, telles que New-York Police judiciaire, Esprits criminels, ou Hercule Poirot. Après le sport le samedi, elle va à l’église le dimanche, et passe le reste de la journée en famille.

I.M/ Hôpital Laquintinie

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