À la suite des dépistages du cancer du sein réalisés à l’Hôpital Laquintinie, tout cas suspect obéit à une procédure bien spécifique, telle qu’indique ici, le Pr Henri ESSOME, Gynécologue.
La procédure de dépistage du cancer à l’Hôpital Laquintinie de Douala est bien huilée. Ainsi, précise le Pr Henri ESSOME, Chef du Département de Gynécologie, quel que soit ce que le médecin a constaté pendant la consultation, notamment lors de la campagne de dépistage, vous ne serez qu’au stade d’une suspicion qui va demander un prélèvement qui sera acheminé au laboratoire. «C’est à la suite du rendu du laboratoire que vous aurez trois cas de figures : c’est à risque ou c’est véritablement un cancer. Et à chaque éventualité, une conduite précise et différente à tenir », explique-t-il.
À l’observation clinique, on peut remarquer que, «vous avez une boule qui est fixée au-dessus de laquelle la peau renvoie à celle de l’orange, qui a des pores bien dégagés. Quelques fois, vous palpez le creux de l’aisselle de la patiente et vous sentez une toute petite boule qui est fixée. Le médecin demande, selon l’âge, soit une échographie, une radio ou les deux couplés. On fait également des prélèvements qu’on envoie au laboratoire », développe le spécialiste.

Mais avant de décider s’il faut l’opérer ou pas, il faut savoir si la patiente est opérable ou non, d’où le bilan d’extension. «On a classiquement deux chez nous : l’échographie du ventre et la radio des poumons. Quand ce n’est pas les deux, c’est quelque fois un des deux qui vous dit que ce qu’on voit au niveau des poumons, renvoie à ce que la maladie a déjà envoyé des relais à ces poumons. À la question de savoir si elle tousse, elle dira oui, de temps en temps, mais, que cela s’estompe lorsqu’elle prend le gingembre. Et quelques fois, c’est l’échographie qui vous dit que ce qu’on voit comme dépôt au niveau du foie (bien avant que le ventre ne commence à gonfler) pourrait faire penser à ce que cela a déjà envoyé», renseigne le Pr Henri ESSOME.
Quelques fois, on fait faire au patient un examen typique qui va dessiner tout son squelette, parce que le cancer du sein envoie des relais (métastases), premièrement sur les os. Et ce scanner particulier de toute sa charpente, montre les différentes niches. «Et vous comprenez qu’on ne peut plus l’opérer parce que le mal est déjà ailleurs. C’est un cancer qui est rarement à effet local. Il est toujours pris dans une approche globale. Même quand le cancer du sein est opérable, le traitement n’est pas local. Il est local et général», informe le Chef de Département de Gynécologie à l’Hopital Laquintinie. Ainsi, localement, le patient va subir une opération, localement, on va faire la radiothérapie. Mais, cela ne suffit pas, puisqu’il y a le sang qui véhicule tout cela. Et il va donc falloir lui placer des perfusions pour atteindre la plus petite des cellules.
LIRE AUSSI: Cancer du sein et du col de l’utérus : Le Pr Henri ESSOME dévoile les avantages d’un dépistage précoce
Lorsque les patientes se rendent à l’Hôpital Laquintinie, la principale raison qui les emmène se faire consulter est qu’elles toussent. Parfois, elles ont un ventre qui commence à ballonner. Certaines sont plutôt admises aux urgences pour ces deux raisons-là. Et c’est pendant leur prise en charge qu’en examinant leurs poumons, le médecin voit une image qui n’est pas bonne, qui renvoie à des métastases. En l’examinant davantage, on voit entre autres qu’il y a un sein qui semble un peu bizarre. «On demande notre avis et malheureusement, il nous reste très souvent seulement à dire que c’est un point de départ du cancer, et prélèvement fait, on devient formel », regrette le médecin qui exhorte les femmes à régulièrement se faire dépister, ce qui permettrait de découvrir la maladie assez tôt.