Lui dont le cœur balançait entre le métier de pilote et celui de medecin a mis toute son énergie pour faire connaître sa spécialité et surtout lui donner une place importante au cœur du système hospitalier de cette formation sanitaire.
Le Dr Yves BALEPNA a désormais ses habitudes dans le Centre d’hémodialyse nouvellement inauguré. Un rêve qui se réalise ! Prendre soin de ses patients dans un cadre adéquat. Il l’a tant espéré. En cette fin d’après-midi, celui qui occupe le poste de chef du service de néphrologie reçoit encore patients et collaborateurs. Entre consultations, ronde des malades et réunions, ses journées de travail ne sont pas du tout faciles. Mais, pour ce jeune médecin qui exerce le métier de ses rêves, se mettre au service des malades est un bonheur. Enfant, quand on lui demandait ce qu’il voulait faire plus tard, il répondait médecin ou pilote. La médecine se fait plus accessible après son Baccalauréat C en 2000. Il compose le concours de médecine de la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de l’université de Yaoundé où il est admis la même année.
Il en ressort en 2007 nanti d’un doctorat en médecine, puis fait 4 ans de spécialité de néphrologie dont trois ans à l’université de Yaoundé et une année à la faculté de médecine de Paris 11. Après quoi il revient soutenir son mémoire et obtient son diplôme de médecin spécialiste en néphrologie en octobre 2014. Il est ensuite affecté à l’hopital Laquintinie de Douala où il est en poste depuis mars 2015.
A son arrivée dans cet hôpital, les choses ne se présentent pas comme il l’aurait souhaité. L’hôpital n’a pas de néphrologue et encore moins un service de néphrologie. « Je me demandais ce que je suis venu faire ici. Certains de mes collaborateurs me demandaient ce que je suis venu faire, ce que je soigne. C’est pour dire que même mes collaborateurs ne savaient pas ce que c’est que la néphrologie », note-t-il, souriant. Surtout que, pour beaucoup, la néphrologie est intimement liée à l’hémodialyse.
Pas de place au découragement
Cette réalité qu’il découvre sur place l’oblige à s’adapter. Il occupe des lits dans d’autres services pour y mettre ses patients. Une situation qui l’obligeait à marcher tous les jours dans différents services pour voir ses patients éparpillés au gré des places disponibles çà et là. « Ce qui m’avait valu l’appellation de Dr ambulant », lâche-t-il dans un éclat de rire. Mais, à force de persévérance, de présence, de travail, de sensibilisation, il obtient des résultats. Le service de néphrologie est créé et inauguré en 2018 par le ministre de la Santé Publique d’alors, André MAMA FOUDA. Deux autres néphrologues sont affectés à l’hopital Laquintinie, sur lesquels il peut désormais s’appuyer pour avoir des journées moins compliquées. « Avant je faisais tout seul, les gardes, les consultations, les astreintes. Tout reposait sur moi seul. J’étais surchargé de travail. Maintenant, avec les deux autres néphrologues, on se partage les tâches, ce qui me donne un peu plus de temps, et me permet de vaquer à mes autres occupations, puisque je suis par ailleurs enseignant à la Faculté de médecine de l’université de Dschang. J’ai plus de temps pour donner cours, superviser les étudiants en stage, développer mon activité académique à l’université, en plus de celle de médecin », se réjouit-il.

Aujourd’hui encore, Dr BALEPNA continue de sensibiliser patients, collègues et grand public sur la nécessité d’un dépistage et d’une prise en charge précoces de tout soupçons lié aux maladies rénales. Pour lui, « Le plus gros problème de la néphrologie est celui de référence tardive. Sur près de 900 patients insuffisants rénaux chroniques que nous avons reçus, plus de la moitié avait besoin de dialyse et dans un délai très rapide. Nous recevons encore de nombreux patients qui arrivent tardivement alors qu’ils font cette maladie depuis des années parce qu’ils n’ont pas pu bénéficier d‘un diagnostic qui leur permettrait de voir un néphrologue quand on pouvait encore faire quelque chose », regrette t-il.
L’étude qu’il a menée à l’hôpital Laquintinie en dit long sur la gravité de cette maladie. Les données collectées entre 2015 et 2020 ont été présentées à un congrès à Liège, il y a deux semaines. Sur les 2274 patients reçus souffrants des problèmes rénaux, plus de 1200 avaient une insuffisance rénale. Mais, tous n’ayant pas besoin de dialyse. « La dialyse c’est un stade très avancé, lorsqu’on ne peut plus rien faire pour soigner. Ceux qui n’ont pas besoin de dialyse ont toujours été efficacement pris en charge à l’hôpital Laquintinie de Douala », explique ce médecin plein d’ambitions pour l’éclosion de sa spécialité.
Le vœu du Dr BALEPNA c’est de voir s’améliorer encore plus la qualité des soins offerts aux patients ; Il rêve de se voir développer d’autres techniques de dialyse telle que la dialyse péritonéale ou la transplantation rénale, pour que ces patients quittent la dialyse parce qu’on leur a donné un rein fonctionnel. Il a bon espoir que cela puisse se faire à l’hôpital Laquintinie dans les 5 ou 10 prochaines années. Il entend également former plus de médecins, en tant qu’enseignant de médecine à l’université de Dschang ; progresser dans la hiérarchie académique, et passer du grade d’assistant pour devenir chargé de cours et même professeur de médecine…

Dr BALEPNA se définit comme un père de famille aimant et attentionné. Malgré son emploi de temps chargé, il ne manque pas de déposer ses enfants à l’école tous les matins, d’échanger avec leurs enseignants, de les aider à faire leurs devoirs le soir quand il est à la maison, de les emmener en balade ou au cinéma les week-ends. Adepte de sport, Le Dr BALEPNA aime également voyager et découvrir.
I.M/ Hôpital Laquintinie